28 mars 2020

5ème dimanche de Carême – Année A


Première lecture: Ez 37, 12-14
Psaume : 129 
Refrain : Près du Seigneur est l’amour, près de lui abonde le rachat.
Deuxième lecture : Rm 8, 8-11
Evangile: Jn 11, 1-45 
PU: Sur les chemins de la vie, sois, ma lumière, Seigneur.



Définition: … La vie plus forte que la mort… !



Depuis trois dimanches, saint Jean parle du choix que tous devront faire entre la foi et le refus de croire. Il le dit au moyen de contrastes entre la lumière et les ténèbres, entre la soif et l'eau vive, entre la cécité et le retour à la vue, entre l'accueil... et le rejet de la Parole de Dieu. Jésus a ouvert la route de la vie à la Samaritaine, à l'aveugle né. Aujourd'hui, dans un récit très travaillé, Jean répond aux interrogations de la communauté chrétienne sur la mort et l'exclusion.

La rencontre avec la mort demeure toujours mystérieuse. Pourquoi la mort? Nous avions tissé plein de liens, et ils sont brisés. Nous avions fait plein de rêves, et ils sont cassés. Elle est si douce notre vie sur terre... nous ne sommes pas faits pour mourir mais pour vivre. Nous avons des yeux pour nous émerveiller, une bouche pour communiquer, des mains pour accueillir, des pieds pour aller vers l'autre. Mourir n'a aucun sens. 

L'évangile de Lazare nous rappelle clairement que la mort n'aura pas le dernier mot, il nous parle de résurrection. Le temps de la mort, le passage obligé par la mort gardent leur aspect terrible: la résurrection des morts est assurée, mais le moment de la mort est bien une réalité cruelle où Dieu pleure avec nous, à nos côtés. Les larmes et la douleur sont légitimes... et partagées par notre ami Jésus. Devant la mort, c'est Dieu qui pleure, un Dieu qui est ému de compassion devant la détresse des hommes. Pourtant, Jésus sait qu'il va ressusciter Lazare!

Jésus a dit la tendresse de l'amitié à Marthe, à Marie et à Lazare. Lazare sorti vivant du tombeau est la figure des chrétiens qui meurent. Marthe et Marie représentent les croyants qui voient les leurs mourir. Marthe doit d'abord dépasser les regrets "de ce qui n'a pas été fait" et renoncer à l'image d'un Dieu tout-puissant qui nous éviterait la mort et l'exclusion. Jésus qui s'approche d'elles, c'est aussi le Christ ressuscité qui s'approche des chrétiens endeuillés. La résurrection des morts est le point crucial où se joue la foi en Jésus Christ. La maladie et la mort ne sont pas des fatalités qui nous dominent. Dieu les maîtrise: confiance!

Dieu n’est pas absent dans notre vie, il est là et il veille. Il se laisse toucher par nos misères. Il fait de nos préoccupations les siennes, car il nous aime. La vie présente n’est pas l’antichambre de la mort, mais le passage vers le Royaume où nous partagerons éternellement la vie même de Dieu. Comme à Marthe, Jésus nous demande à chacun : « Crois-tu cela ? » Allons, comme Marthe, vers ceux que nous aimons, et partageons-leur notre secret, tout bas, pour ne pas les contraindre dans leur liberté : « Le Maître est là, et il t’appelle ».

 Le miracle de Lazare à proprement parler occupe peu de place: on ne voit pas ce qu'il devient. L'essentiel est le signe donné, c'est-à-dire un acte réel, concret. "Déliez-le et laissez-le aller!". Lazare est la figure de tout homme délivré, "délié" de la mort par le Christ. Saint Jean parle de l'amour qui est plus fort que la mort et l'exclusion. Tout doit être éternel pour le cœur qui aime. Le retour à la vie de Lazare annonce un amour qui va jusqu'au bout. 

L'appel " Viens dehors ! " nous concerne aujourd'hui, là où nous sommes. Jésus a effacé les frontières : Il n'y a qu'un seul royaume d'amour et de vie, et Jésus nous invite à en faire partie. Jésus m'ouvre la voie pour renaître à la vie.



🖝Le coin des enfants : CROIRE EN JESUS

Jésus ne vient pas enlever la mort. Nous allons tous mourir... Jésus vient nous dire que même si l'on meurt, nous vivrons! La mort ne sera pas tombeau fermé par une pierre, obscurité, enfermement, prison mais...... Lumière, Souffle Nouveau, Levée, Vie, Liberté! "Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt." Celui qui croit en moi... Mais qu'est-ce que "Croire en Jésus"?
Est-ce adhérer à un personnage qui nous entraîne vers une grande espérance?
Est-ce adhérer à des noms (Christ, Messie, Seigneur, Fils de Dieu,...) que d'autres nous ont présentés et qui n'ont pas forcément eu le temps d'éclore en notre cœur? Est-ce avoir foi en une vie, une façon de vivre,...?
*Croire en Jésus, c'est avoir confiance en cette vie de résurrection qu'il nous propose. C'est la vouloir pour nous, pour aujourd'hui; c'est la désirer fortement! 
*Croire en Jésus, c'est avoir confiance en cette vie de résurrection toute tournée vers le Père et vers les hommes; c'est croire qu'elle est un Beau Chemin de Lumière, de Paix, de Joie, d'Amour, d'Eternité...
*Croire en Jésus, c'est croire que cette Vie est plus forte que toute mort!
Marthe qui dit: "Oui, je crois!", connaît Jésus. Elle sait sa proximité avec Dieu; elle sait sa proximité avec l'homme. Elle sait L'Esprit de communion qui l'habite, Cet Esprit qui peut remettre le monde debout, Cet Esprit qui peut ressusciter tout homme. Le Oui de Marthe est un Oui non tourné vers l'au-delà de la mort, mais un Oui pour le moment présent, un Oui pour la vie qui est à vivre sur terre.
Marthe nous invite à croire qu'une résurrection est possible maintenant! Une résurrection où l'en prend la main de Dieu et le chemin des hommes. 

Madeleine Delbrêl parlait de la foi comme de la danse. La danse, ce sont des pas en avant, des pas en arrière, sur le côté... des tourbillons... Lorsque l'on danse, il faut se laisser conduire. Il faut apprendre à suivre les pas de la personne avec laquelle on danse sans se demander quel sera le pas suivant. A trop se poser de questions, on se crispe, on n'arrive plus à suivre l'élan et l'on devient un piètre danseur...

Lorsque l'on s'arrête aujourd'hui devant Dieu, lorsqu'on lui prend la main, il ne faut pas se crisper; il ne faut pas avoir peur, ni demander à voir en avance les pas suivants. Il faut seulement se laisser conduire, se laisser entraîner... comme par le courant d'une eau vive...
Avoir confiance, c'est croire en l'autre. Croire en tous ses pas et mettre les nôtres dans les siens. Croire aussi que ces pas tracent une route; une route de lumière et de vie, un chemin de Pleine Beauté.

La foi de Marthe et Marie est très forte. Elles savent que Dieu et Jésus "dansent " ensemble, qu'ils sont unis ("Je sais que maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas." ou "Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort.)
Elles ont fait confiance à Jésus dans la vie; elles lui font aussi confiance dans la mort.