Première lecture : Ex 12, 1-8.11-14
Psaume 115 : Refrain : La coupe
de bénédiction est communion au sang du Christ.
Deuxième lecture : 1Co 11, 23-26
Evangile : Jn 13, 1-15
DÉFINITION DU JEUDI SAINT
●Tout
être humain éprouve deux besoins plus fondamentaux que n’importe quels autres.
Nous avons besoin d’être aimés, et nous avons besoin d’aimer. La raison en est
que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et Dieu est
amour. La Très Sainte Trinité, c’est l’amour de Dieu, pleinement vivant, chaque
Personne, Père, Fils et Saint Esprit aimant les autres et étant aimée des
autres. C’est à cette image-là que nous sommes créés ; nous sommes faits
pour suivre cet exemple.
Nous pouvons posséder
tout l’or du monde, toute la popularité, la puissance et le succès possible et
imaginable, mais si nous ne sommes pas aimés profondément, simplement pour ce
que nous sommes, librement, et si nous n’aimons pas un(e) autre au point de
nous sacrifier nous-mêmes pour lui (elle), nous serons des misérables.
Jésus connaît notre
double besoin fondamental. Par sa souffrance et sa mort, sa Passion qui
commence ce soir, il y a pourvu. Saint
Jean nous dit :
« Jésus, ayant aimé
les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »
Ceci veut dire que Jésus
nous a donné la preuve ultime, par sa Passion, de son amour sans bornes pour
chacun de nous. Et ce soir, en ce Jeudi Saint, il nous a fait trois dons dans
le prolongement sa Passion tout au long de l’histoire.
- Il
nous a donné l’Eucharistie, sa Présence réelle qui nous nourrit en chaque
tabernacle, lors de chaque communion.
- Il nous a donné le
sacrement de l’Ordre, comme une multiplication sacramentelle, à travers le
temps et l’espace, de son propre amour miséricordieux.
- Et il nous a
donné le commandement du véritable amour, pour que nous sachions comment aimer
en vérité, sans retour sur nous-mêmes, comme quand il a lavé les pieds de ses
disciples.
Par ces dons
éternels, inestimables, Dieu nous sauve, répondant aux deux besoins
fondamentaux de tout cœur humain.
Chacun de ces dons
répond à nos deux besoins les plus profonds. Prenons, par exemple, le sacrement
de l’Ordre. Le sacerdoce, c’est la manière que Dieu a choisi pour être présent
dans notre vie comme maître, comme père et comme guide, sans pour autant nous
envahir. Il envoie sa grâce par les prêtres, des hommes en chair et en os avec
qui nous pouvons entrer en relation. Plus question de coups de tonnerre et de
nuées de feu et de fumée, comme dans l’Ancien Testament. Dieu se met à notre
niveau, pour pouvoir nous élever à son niveau.
Voilà le don que le
Christ nous a laissé dans le sacrement de l’Ordre : une assistance
puissante, sacramentelle, vivante tout au long du chemin difficile de la vie,
un don qui, à la fois, prouve que nous sommes aimés et qui fortifie notre
amour. C’est au cours de cette nuit que Jésus nous a fait ces grands cadeaux.
La meilleure manière,
peut-être, de le remercier, c’est de prendre du temps au cours des jours qui
vont suivre, pour vraiment en profiter, pour en faire bon usage. C’est de
permettre à ces dons de répondre à nos besoins les plus profonds en ouvrant
notre cœur avec courage au Christ.
Le premier besoin, c’est
celui d’être aimé. Si nous ne savons pas que nous sommes aimés de manière
inconditionnelle, pleinement, de fond en comble, simplement pour ce que nous
sommes, il est pratiquement impossible pour nous de pouvoir aimer en retour,
comme nous y sommes appelés parce que nous sommes à l’image de Dieu. Et plus
nous savons que nous sommes aimés, plus nous sommes fortifiés, et plus nous
devenons capables d’aimer en retour. Nous avons tous pu en faire l’expérience,
même au niveau purement humain. Quand nous, nous savons, aimés, nous
sommes forts. Mais je suis sûr que chacun de nous connaît quelqu’un qui n’en a
jamais fait l’expérience, ou qui n’en a plus fait l’expérience depuis
longtemps. Soyons des chrétiens véritables, authentiques pour ces gens, de
vrais disciples du Christ en ce temps de Pâques. Prions pour eux, invitons-les
à nos liturgies, ou allons à leur rencontre, en leur lavant les pieds d’une
manière ou d’une autre, pour leur permettre de faire l’expérience de l’amour du
Christ par notre amour à l’image de l’amour du Christ. Jésus n’est-il pas mort
pour eux aussi ? Son amour qui sauve est beaucoup trop précieux pour les
garder pour nous-mêmes.
Elle se trouve uniquement dans cet
Évangile, à un moment où les synoptiques (Luc, Matthieu et Marc), eux, relatent
l’institution de l’eucharistie, si bien que ces deux épisodes sont intimement
liés. Ce geste a marqué l’Église au point qu’elle ne se contente pas de le
rappeler par la lecture mais en perpétue la pratique au cours de la « Messe du
soir en mémoire de la Cène du Seigneur », ainsi que l’indique le Missel
Romain.
Quelle est son histoire à travers les
siècles
Le Jeudi saint est l’occasion pour les
catholiques de faire mémoire de l’institution de l’eucharistie et, par la
célébration de cette eucharistie, de l’institution du ministère
sacerdotal. Or, l’Évangile qui est au cœur de la liturgie est une parabole
en acte, un geste concret quoique répugnant pour certains : le
lavement des pieds.
Jésus lave les pieds de ses disciples.
C’est la manière pour l’évangéliste Jean (13,215), mais aussi pour l’Église, de
donner la clef et de l’eucharistie et du ministère. Jésus montre ce que le
culte cherche à exprimer, à savoir l’amour jusqu’à l’extrême, la génuflexion
devant le Sacrement saint du frère premier servi. Par son comportement, Jésus
nous apprend comment être proches concrètement des autres dans tous les aléas
de la vie. On ne rencontre son prochain qu’en abaissant son regard à hauteur de
pieds. La part qui ne peut être ravie à Dieu, c’est cette attitude de Jésus
agenouillé devant ses amis, avec son linge autour des reins, et qui frotte
leurs pieds empoussiérés.
Ce lavement n’est plus une purification
mais une participation : « Si je ne te lave pas, dit Jésus à Pierre, tu ne
pourras rien partager avec moi ». L’accueil de la Parole conduit à la mise en
jeu du corps jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mort. Il faudra le chant
d’un coq pour que Pierre comprenne ceci : la vérité d’un corps se conjugue à
l’oblatif, jamais au possessif. Le sens du lavement des pieds, c’est le
geste du don porté par la parole de Dieu et portant jusqu’à la mort. C’est
le corps, entre Parole et mort. C’est le mime de la mort du corps devenant
parole de vie. C’est l’amour à mort. Par cet acte, Jésus révèle l’identité
du Dieu qu’il est : le Dieu qui s’abaisse pour que l’homme puisse
grandir. Mais il révèle aussi ce que doit être l’attitude chrétienne. Ce
geste, témoignage au milieu du monde, engendre la communauté à son identité. Il
n’est d’autre livrée ecclésiale que la tenue de service. Laver les pieds,
baiser le lépreux, couvrir l’homme nu, panser la chair de l’homme agonisant en
sont les seuls signes distinctifs.
Quelle est l’origine de ce rite ?
Il s’agit du geste posé par Jésus lors du
dernier repas qu’il prend avec ses disciples à Jérusalem, « avant la
fête de la Pâque », « sachant que son heure était venue » (Jean 13,
1). Loin d’une ablution rituelle (réalisée avant le repas et par la personne
elle-même), Jésus accomplit ici pour ses disciples un rite propre à
l’hospitalité orientale. La Bible en offre d’ailleurs plusieurs exemples :
ainsi lorsque Abraham demande qu’on apporte de l’eau pour que ses trois
visiteurs, après leur longue route, puissent se laver les pieds (Genèse 18,4).
Cette tâche, exécutée par un esclave ou un
serviteur, impliquait une relation d’infériorité. Elle constitue le prologue de
la Passion du Christ dans l’Évangile de Jean, où Jésus, messie humilié,
serviteur
Bonne
messe virtuelle
Actuellement, le souci est que l’on axe
principalement ce rite sur le geste d’abaissement de Jésus au rang de serviteur
et de don de soi et l’exemple qu’il donne pour que nous fassions de
même. S’il est simplement ce geste d’humilité profonde et de charité
fraternelle, effectivement, pourquoi ne pas y inclure tout le monde ? En fait,
il est essentiel de ne pas séparer les éléments.
En faisant ce geste du Lavement des pieds
avant le Saint Sacrifice, Jésus ordonne ses propres disciples et les rend
dignes de participer au repas des Noces de l’Agneau. Les Apôtres, leurs
successeurs et leurs collaborateurs participent au sacerdoce du Christ, prêtre
-victime. Ce rite est donc certainement un geste de charité et d’amour
mais est aussi un rite de purification et de consécration, et laisser l’un pour
l’autre n’a pas de sens, et mène à notre avis, à vider la substance même de
l’un et de l’autre.
Au cours de la « Messe du soir en
mémoire de la Cène du Seigneur », selon l’intitulé du Missel Romain[1],
on ne lit aucun des récits évangéliques de l’institution de l’eucharistie.
Ceux-ci ont été proclamés le Dimanche des Rameaux et de la Passion.
Pas de récit de l’institution, mais une
« mise en Cène », un « accord » textuel, au sens musical,
qui permet au récit d’être entendu dans une certaine tonalité.
Nous allons parcourir ces séquences, en
mettant nos pas dans ceux des croyants qui nous ont précédés.
Que fait Jésus lors du Jeudi Saint
Le Jeudi Saint célèbre le dernier repas du
Christ avec ses douze apôtres. Au cours de ce repas, la Cène, Jésus lave les
pieds de ses disciples, instituant ainsi ses disciples comme prêtre de la
Nouvelle Alliance. Il prend le pain et le vin, il rend grâce, instituant ainsi
le Sacrement de l’Eucharistie. Il annonce que l’heure de l’épreuve approche.
Prière universelle :
-Que ton Eglise, Seigneur, prenne sans
cesse le chemin du l’unité entre toutes les
confessions chrétiennes.
-Que les ministres de l’eucharistie, par
leur service, contribuent à la communion de tous les hommes entre eux.
-Que les hommes et les femmes en chemin
vers l’eucharistie trouvent ta présence dans le visage de frères qui les
accompagnent.
-Que tous les baptisés accomplissent
l’œuvre de charité de ton Fils en lavant les pieds de tous ceux qui te
cherchent.
-Que toutes les personnes qui en ce moment
vivent une grande solitude ou qui traversent des zones d’ombre, tous ceux qui
subissent la grande épreuve de la pandémie. Que tous puissent entendre de toi
la victoire de la vie sur les ténèbres.