09 avril 2020

Jeudi Saint – Année A


Première lecture : Ex 12, 1-8.11-14
Psaume 115 : Refrain : La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ.
Deuxième lecture : 1Co 11, 23-26
Evangile : Jn 13, 1-15



DÉFINITION DU JEUDI SAINT


Tout être humain éprouve deux besoins plus fondamentaux que n’importe quels autres. Nous avons besoin d’être aimés, et nous avons besoin d’aimer. La raison en est que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et Dieu est amour. La Très Sainte Trinité, c’est l’amour de Dieu, pleinement vivant, chaque Personne, Père, Fils et Saint Esprit aimant les autres et étant aimée des autres. C’est à cette image-là que nous sommes créés ; nous sommes faits pour suivre cet exemple.

Nous pouvons posséder tout l’or du monde, toute la popularité, la puissance et le succès possible et imaginable, mais si nous ne sommes pas aimés profondément, simplement pour ce que nous sommes, librement, et si nous n’aimons pas un(e) autre au point de nous sacrifier nous-mêmes pour lui (elle), nous serons des misérables.

Jésus connaît notre double besoin fondamental. Par sa souffrance et sa mort, sa Passion qui commence ce soir, il y a pourvu. Saint Jean nous dit :

« Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »

Ceci veut dire que Jésus nous a donné la preuve ultime, par sa Passion, de son amour sans bornes pour chacun de nous. Et ce soir, en ce Jeudi Saint, il nous a fait trois dons dans le prolongement sa Passion tout au long de l’histoire.

-       Il nous a donné l’Eucharistie, sa Présence réelle qui nous nourrit en chaque tabernacle, lors de chaque communion.

-       Il nous a donné le sacrement de l’Ordre, comme une multiplication sacramentelle, à travers le temps et l’espace, de son propre amour miséricordieux.

-       Et il nous a donné le commandement du véritable amour, pour que nous sachions comment aimer en vérité, sans retour sur nous-mêmes, comme quand il a lavé les pieds de ses disciples.

 Par ces dons éternels, inestimables, Dieu nous sauve, répondant aux deux besoins fondamentaux de tout cœur humain.

Chacun de ces dons répond à nos deux besoins les plus profonds. Prenons, par exemple, le sacrement de l’Ordre. Le sacerdoce, c’est la manière que Dieu a choisi pour être présent dans notre vie comme maître, comme père et comme guide, sans pour autant nous envahir. Il envoie sa grâce par les prêtres, des hommes en chair et en os avec qui nous pouvons entrer en relation. Plus question de coups de tonnerre et de nuées de feu et de fumée, comme dans l’Ancien Testament. Dieu se met à notre niveau, pour pouvoir nous élever à son niveau.

Voilà le don que le Christ nous a laissé dans le sacrement de l’Ordre : une assistance puissante, sacramentelle, vivante tout au long du chemin difficile de la vie, un don qui, à la fois, prouve que nous sommes aimés et qui fortifie notre amour. C’est au cours de cette nuit que Jésus nous a fait ces grands cadeaux.

La meilleure manière, peut-être, de le remercier, c’est de prendre du temps au cours des jours qui vont suivre, pour vraiment en profiter, pour en faire bon usage. C’est de permettre à ces dons de répondre à nos besoins les plus profonds en ouvrant notre cœur avec courage au Christ.

Le premier besoin, c’est celui d’être aimé. Si nous ne savons pas que nous sommes aimés de manière inconditionnelle, pleinement, de fond en comble, simplement pour ce que nous sommes, il est pratiquement impossible pour nous de pouvoir aimer en retour, comme nous y sommes appelés parce que nous sommes à l’image de Dieu. Et plus nous savons que nous sommes aimés, plus nous sommes fortifiés, et plus nous devenons capables d’aimer en retour. Nous avons tous pu en faire l’expérience, même au niveau purement humain. Quand nous, nous savons, aimés, nous sommes forts. Mais je suis sûr que chacun de nous connaît quelqu’un qui n’en a jamais fait l’expérience, ou qui n’en a plus fait l’expérience depuis longtemps. Soyons des chrétiens véritables, authentiques pour ces gens, de vrais disciples du Christ en ce temps de Pâques. Prions pour eux, invitons-les à nos liturgies, ou allons à leur rencontre, en leur lavant les pieds d’une manière ou d’une autre, pour leur permettre de faire l’expérience de l’amour du Christ par notre amour à l’image de l’amour du Christ. Jésus n’est-il pas mort pour eux aussi ? Son amour qui sauve est beaucoup trop précieux pour les garder pour nous-mêmes.



Elle se trouve uniquement dans cet Évangile, à un moment où les synoptiques (Luc, Matthieu et Marc), eux, relatent l’institution de l’eucharistie, si bien que ces deux épisodes sont intimement liés. Ce geste a marqué l’Église au point qu’elle ne se contente pas de le rappeler par la lecture mais en perpétue la pratique au cours de la « Messe du soir en mémoire de la Cène du Seigneur », ainsi que l’indique le Missel Romain.
Quelle est son histoire à travers les siècles

Le Jeudi saint est l’occasion pour les catholiques de faire mémoire de l’institution de l’eucharistie et, par la célébration de cette eucharistie, de l’institution du ministère sacerdotal. Or, l’Évangile qui est au cœur de la liturgie est une parabole en acte, un geste concret quoique répugnant pour certains : le lavement des pieds.
Jésus lave les pieds de ses disciples. C’est la manière pour l’évangéliste Jean (13,215), mais aussi pour l’Église, de donner la clef et de l’eucharistie et du ministère. Jésus montre ce que le culte cherche à exprimer, à savoir l’amour jusqu’à l’extrême, la génuflexion devant le Sacrement saint du frère premier servi. Par son comportement, Jésus nous apprend comment être proches concrètement des autres dans tous les aléas de la vie. On ne rencontre son prochain qu’en abaissant son regard à hauteur de pieds. La part qui ne peut être ravie à Dieu, c’est cette attitude de Jésus agenouillé devant ses amis, avec son linge autour des reins, et qui frotte leurs pieds empoussiérés.

Ce lavement n’est plus une purification mais une participation : « Si je ne te lave pas, dit Jésus à Pierre, tu ne pourras rien partager avec moi ». L’accueil de la Parole conduit à la mise en jeu du corps jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mort. Il faudra le chant d’un coq pour que Pierre comprenne ceci : la vérité d’un corps se conjugue à l’oblatif, jamais au possessif. Le sens du lavement des pieds, c’est le geste du don porté par la parole de Dieu et portant jusqu’à la mort. C’est le corps, entre Parole et mort. C’est le mime de la mort du corps devenant parole de vie. C’est l’amour à mort. Par cet acte, Jésus révèle l’identité du Dieu qu’il est : le Dieu qui s’abaisse pour que l’homme puisse grandir. Mais il révèle aussi ce que doit être l’attitude chrétienne. Ce geste, témoignage au milieu du monde, engendre la communauté à son identité. Il n’est d’autre livrée ecclésiale que la tenue de service. Laver les pieds, baiser le lépreux, couvrir l’homme nu, panser la chair de l’homme agonisant en sont les seuls signes distinctifs.


Quelle est l’origine de ce rite ?
Il s’agit du geste posé par Jésus lors du dernier repas qu’il prend avec ses disciples à Jérusalem, « avant la fête de la Pâque », « sachant que son heure était venue » (Jean 13, 1). Loin d’une ablution rituelle (réalisée avant le repas et par la personne elle-même), Jésus accomplit ici pour ses disciples un rite propre à l’hospitalité orientale. La Bible en offre d’ailleurs plusieurs exemples : ainsi lorsque Abraham demande qu’on apporte de l’eau pour que ses trois visiteurs, après leur longue route, puissent se laver les pieds (Genèse 18,4).
Cette tâche, exécutée par un esclave ou un serviteur, impliquait une relation d’infériorité. Elle constitue le prologue de la Passion du Christ dans l’Évangile de Jean, où Jésus, messie humilié, serviteur 

               Bonne messe virtuelle

Actuellement, le souci est que l’on axe principalement ce rite sur le geste d’abaissement de Jésus au rang de serviteur et de don de soi et l’exemple qu’il donne pour que nous fassions de même. S’il est simplement ce geste d’humilité profonde et de charité fraternelle, effectivement, pourquoi ne pas y inclure tout le monde ? En fait, il est essentiel de ne pas séparer les éléments.
En faisant ce geste du Lavement des pieds avant le Saint Sacrifice, Jésus ordonne ses propres disciples et les rend dignes de participer au repas des Noces de l’Agneau. Les Apôtres, leurs successeurs et leurs collaborateurs participent au sacerdoce du Christ, prêtre -victime. Ce rite est donc certainement un geste de charité et d’amour mais est aussi un rite de purification et de consécration, et laisser l’un pour l’autre n’a pas de sens, et mène à notre avis, à vider la substance même de l’un et de l’autre.
Au cours de la « Messe du soir en mémoire de la Cène du Seigneur », selon l’intitulé du Missel Romain[1], on ne lit aucun des récits évangéliques de l’institution de l’eucharistie. Ceux-ci ont été proclamés le Dimanche des Rameaux et de la Passion.
Pas de récit de l’institution, mais une « mise en Cène », un « accord » textuel, au sens musical, qui permet au récit d’être entendu dans une certaine tonalité.
Nous allons parcourir ces séquences, en mettant nos pas dans ceux des croyants qui nous ont précédés.

Que fait Jésus lors du Jeudi Saint
Le Jeudi Saint célèbre le dernier repas du Christ avec ses douze apôtres. Au cours de ce repas, la Cène, Jésus lave les pieds de ses disciples, instituant ainsi ses disciples comme prêtre de la Nouvelle Alliance. Il prend le pain et le vin, il rend grâce, instituant ainsi le Sacrement de l’Eucharistie. Il annonce que l’heure de l’épreuve approche.

Prière universelle :
-Que ton Eglise, Seigneur, prenne sans cesse le chemin du l’unité entre toutes les confessions chrétiennes.

-Que les ministres de l’eucharistie, par leur service, contribuent à la communion de tous les hommes entre eux.

-Que les hommes et les femmes en chemin vers l’eucharistie trouvent ta présence dans le visage de frères qui les accompagnent.

-Que tous les baptisés accomplissent l’œuvre de charité de ton Fils en lavant les pieds de tous ceux qui te cherchent.

-Que toutes les personnes qui en ce moment vivent une grande solitude ou qui traversent des zones d’ombre, tous ceux qui subissent la grande épreuve de la pandémie. Que tous puissent entendre de toi la victoire de la vie sur les ténèbres.