Homélie du pape François pendant la messe de
clôture des JMJ de Panama le dimanche 27 janvier
2019.
«Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire: Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre» (Lc 4, 20-21). L’Évangile nous présente ainsi le commencement de la mission publique de Jésus. Cela a lieu dans la synagogue qui l’a vu grandir, il est entouré de connaissances et de voisins et peut-être même quelques-uns des catéchistes de son enfance qui lui ont enseigné la loi. Un moment important de la vie du Maître, où l’enfant qui s’est formé et a grandi au sein de cette communauté, se lève et prend la parole pour annoncer et mettre en œuvre le rêve de Dieu. Une parole proclamée jusque-là seulement comme une promesse d’avenir, mais qui, dans la bouche de Jésus seul peut être dite au présent, devenant réalité: « Aujourd’hui s’accomplit ».
«Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire: Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre» (Lc 4, 20-21). L’Évangile nous présente ainsi le commencement de la mission publique de Jésus. Cela a lieu dans la synagogue qui l’a vu grandir, il est entouré de connaissances et de voisins et peut-être même quelques-uns des catéchistes de son enfance qui lui ont enseigné la loi. Un moment important de la vie du Maître, où l’enfant qui s’est formé et a grandi au sein de cette communauté, se lève et prend la parole pour annoncer et mettre en œuvre le rêve de Dieu. Une parole proclamée jusque-là seulement comme une promesse d’avenir, mais qui, dans la bouche de Jésus seul peut être dite au présent, devenant réalité: « Aujourd’hui s’accomplit ».
Jésus révèle l’heure de Dieu qui sort à notre
rencontre pour nous appeler à prendre part à son heure de « porter la Bonne
Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils
retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année
favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4, 18-19). C’est l’heure de Dieu qui,
avec Jésus, se rend présent, se fait visage, chair, amour de miséricorde qui
n’attend pas de situations idéales ou parfaites pour sa manifestation, ni n’accepte
d’excuses pour sa réalisation. Lui, il est le temps de Dieu qui rend juste et
approprié chaque situation et chaque espace. En Jésus, l’avenir promis commence
et prend vie.
Quand? Maintenant. Mais tous ceux qui, là, l’écoutaient
ne se sont pas sentis invités ni convoqués. Tous les habitants de Nazareth n’étaient
pas prêts à croire en quelqu’un qu’ils connaissaient et avaient vu grandir et
qui les invitait à mettre en œuvre un rêve tant espéré. Même, « ils se disaient:
« N’est-ce pas là le fils de Joseph? » (Lc 4, 22).Il peut se passer aussi la
même chose pour nous. Nous ne croyons pas toujours que Dieu peut être si
concret et si quotidien, si proche et si réel, et encore moins qu’il se rend si
présent et agissant à travers une personne connue, comme peut l’être un voisin,
un ami, un parent. Nous ne croyons pas toujours que le Seigneur peut nous
inviter à travailler et à nous salir les mains avec lui pour son royaume, de
manière si simple mais si forte. Il en coûte d’accepter que «l’amour divin devient
concret et presque tangible dans l’histoire avec tous ses événements amers et
glorieux» (Benoît XVI, Audience générale, 28 septembre 2005).
Les fois sont nombreuses où nous nous comportons
comme les habitants de Nazareth et préférons un Dieu à distance: beau, bon,
généreux, mais à distance et qui ne gêne pas. Car un Dieu proche et quotidien,
ami et frère, nous demande de tirer les enseignements en terme de proximité, de
vie quotidienne et surtout de fraternité. Il n’a pas voulu se manifester de manière
angélique ou spectaculaire, mais il a voulu nous offrir un visage fraternel,
amical, concret, familier. Dieu est réel parce que l’amour est réel, Dieu est
concret parce que l’amour est concret. Et, justement, ce «caractère concret de
l’amour constitue l’un des éléments essentiels de la vie des chrétiens» (Benoît
XVI, Homélie, 1er mars 2006).
Nous pouvons aussi courir les mêmes risques que les
habitants de Nazareth, quand, dans nos communautés, l’Évangile veut se faire
vie concrète et que nous commençons à dire “mais ces garçons-là ne sont pas
enfants de Marie, José, ils ne sont pas les frères de… ceux-là ne sont pas les
jeunes que nous aidons à grandir… Lui là-bas, n’est-il pas celui qui cassait
toujours les vitres avec sa balle”. Et ce qui est né pour être prophétie et
annonce du Royaume de Dieu finit enchaîné et appauvri. Vouloir enchaîner la
parole de Dieu est chose quotidienne.
Et même vous, chers jeunes, il peut vous arriver
la même chose chaque fois que vous pensez que votre mission, votre vocation,
que même votre vie est une promesse seulement pour l’avenir et n’a rien à voir
avec votre présent. Comme si être jeune était synonyme de salle d’attente de
celui qui attend son heure. Et dans l’”entre-temps” nous vous inventons ou vous
vous inventez un avenir hygiéniquement bien emballé et sans conséquences, bien
armé et garanti, tout “bien assuré”. C’est la “fiction” de la joie. De cette
manière nous vous “tranquillisons” et nous vous endormons, pour que vous ne
fassiez pas de bruit, pour que vous ne vous demandiez pas ni ne demandiez, pour
que vous ne vous remettiez pas en question ni ne remettiez en question; et dans
cet ”entre-temps”, vos rêves perdent de la hauteur, commencent à s’assoupir et
deviennent des “rêvasseries” au raz du sol, mesquines et tristes (cf. Homélie du Dimanche
des Rameaux,
25 mars 2018), seulement parce que nous considérons ou vous considérez que ce n’est
pas encore votre heure; qu’il y a assez de jeunes à s’impliquer, à rêver et à
travailler à demain.
L’un des fruits du Synode passé a été la richesse
de pouvoir nous rencontrer et surtout de nous écouter. La richesse de l’écoute
entre générations, la richesse de l’échange et la valeur de reconnaître que
nous avons besoin les uns des autres, que nous devons faire des efforts pour
favoriser les canaux et les espaces où s’impliquer pour rêver et travailler à
demain, dès aujourd’hui. Mais pas de manière isolée, ensemble, en créant un
espace commun. Un espace qui ne s’offre ni ne se gagne à la loterie, mais un
espace pour lequel vous devez aussi vous battre.
Parce que, chers jeunes, vous n’êtes pas l’avenir
mais l’heure de Dieu. Il vous convoque et vous appelle dans vos communautés et
vos villes à aller à la recherche de vos grands-parents, de vos aînés; à vous
lever et, à prendre la parole avec eux et à réaliser le rêve que le Seigneur a
rêvé pour vous.
Pas demain, mais maintenant, parce que là où se
trouve votre trésor sera aussi votre cœur (cf.Mt 6, 21); ce qui vous fait
tomber amoureux atteindra non seulement votre imagination mais aussi affectera
tout. Ce sera ce qui vous fera lever le matin et vous poussera dans les moments
de lassitude, ce qui brisera le cœur et ce qui vous remplira d’étonnement, de
joie et de gratitude. Sentez que vous avez une mission et tombez-en amoureux,
cela décidera tout (cf. Pedro Arrupe, S.J., Nada es más)
Nous pourrons tout avoir, mais s’il manque la
passion de l’amour, tout manquera. Laissons le Seigneur nous aimer! Pour Jésus
il n’y a pas d’”entre-temps”, mais un amour de miséricorde qui
désire faire son nid et conquérir le cœur. Il veut être notre trésor parce qu’il
n’est pas un ”entre-temps” dans la vie ou une mode passagère, il est amour de
don qui invite à se donner. Il est amour concret, proche, réel; il est joie
festive qui naît en choisissant et en prenant part à la pêche miraculeuse de l’espérance et de la charité, de la solidarité et de la
fraternité face à tant de regards paralysés et paralysants, à cause des
craintes et de l’exclusion, de la spéculation et de la manipulation.
Chers frères, le Seigneur et sa mission ne sont
pas un ”entre-temps” dans notre vie, une chose passagère. Ils sont notre vie!
Tous ces jours-ci, le qu’il en soit ainsi de Marie a été murmuré de manière
spéciale comme une musique de fond. Non seulement elle a cru en Dieu et en ses
promesses comme une chose possible, elle a cru en Dieu et a osé dire “oui” pour
participer à cette heure du Seigneur? Elle a senti qu’elle avait une mission,
elle est tombée amoureuse et cela a décidé de tout. Comme cela est arrivé dans
la synagogue de Nazareth, le Seigneur, au milieu de nous, ses amis et ses
connaissances, se lève à nouveau pour prendre le livre et nous dire: «Aujourd’hui
s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre» (Lc 4, 21).
Voulez-vous vivre la réalisation de son amour? Que
votre “oui” continue d’être la porte d’entrée, pour que l’Esprit Saint offre
une nouvelle Pentecôte au
monde et à l’Église.